En 2015, le rapport du Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR) révélait que le déplacement de populations dans le monde avait atteint un niveau record, dû à l’augmentation de la violence et de la persécution liées aux conflits et à la nature de plus en plus diffuse et complexe du climat de menace.
Il est choquant de constater qu’aujourd’hui une personne sur 122 est soit un réfugié, un déplacé ou encore un demandeur d’asile. À travers de vastes étendues de par le monde, les gens sont déracinés alors qu’ils tentent de faire face à des situations profondément difficiles liées aux conflits, impliquant non seulement les armées nationales mais aussi des groupes armés non étatiques, des gangs criminels, des trafiquants de drogues et des jihadistes. Mais ce qui rend les choses encore plus complexes est que ces individus ont souvent un statut ambigu de victime-auteur, occupant tantôt le rôle de combattant tantôt celui de civil, que ce soit par contrainte ou par choix.
L’Afrique centrale a connu des formes de déplacement prolongées et répétitives depuis de nombreuses années. En 2015, le HCR qualifiait le nombre de déplacements forcés dans cette région d’ «immense». À ce jour, les organisations internationales ont privilégié le «retour» comme étant la solution la plus durable à cette crise. Les procédures de «retour et de réinsertion» représentent un challenge pratique et politique considérable pour les gouvernements mondiaux et constituent de ce fait un enjeu politique international critique. L’objectif du projet de recherche Politique de Retour, financé par l’AHRC (Conseil de Recherche en Art et Sciences Humaines), est d’étudier en détail ces dynamiques dans les pays d’Afrique centrale et orientale, à savoir La République Africaine Centrale, la République Démocratique du Congo, l’Ouganda, et le Soudan du Sud, à travers une ethnographie du retour interdisciplinaire et déployée sur plusieurs sites.
En analysant comment les réfugiés, les déplacés internes et les anciens combattants gèrent et vivent l’expérience du «retour», nous cherchons à combler un grand vide dans la connaissance actuelle du «cycle de vie» des conflits dans certaines des régions les plus difficiles du monde. En nous appuyant sur l’anthropologie, le BD-journalisme, l’histoire, les études du patrimoine et la science politique, nous nous concentrerons sur les expériences quotidiennes de ceux qui tentent de construire ou reconstruire des communautés en Afrique centrale, contribuant ainsi à une meilleure compréhension de la façon dont des sociétés affligées par le conflit s’établissent ou se ré-établissent.
La Politique du Retour est un projet qui s’étalera sur 3 ans, de 2017 à 2019, organisé par le Centre pour L’Afrique Firoz Lalji à l’université London School of Economics and Political Science.